dimanche 19 février 2017

Musique d'ombre, par François Teyssandier


















Musique d'ombre

La musique de l'eau
Ploie l'ombre hâtive du ciel
Vers l'oeil du torrent
Glisse sur ton corps
Qui se dévêt de ses muscles
Et pénètre dans tes os
Comme un feu de sèves amères
La nue creuse la peau
De ton visage qui s'aiguise
Et se déchire aux angles acérés des pierres
Dessèche tes lèvres closes
En un bruit sec de givre
Parmi de lointains échos de vent
Ta voix rompt le silence
Abrupt des jardins
Ton pas s'alourdit sur la grève
Qui s'éloigne au soir vers d'autres rives
Tu vis par l'écriture du feu
En ce lieu désert privé d'âme
Qui est semblable à la terre
Et de même poids dans tes mains
La flamme ardente du songe
- Ecume et mort solaires -
Circule comme un acide dans tes veines
Et brûle tes yeux ouverts
Sur la nuit obscure qui devient
Vigile de ta voix près des sources
La mémoire des jours enfuis
Marche à l'encontre de tes pas
Comme de nouveaux paysages
Rassemblant parmi le feu des routes
Cette floraison de mots et de signes
Qui sculpte l'ombre dans chaque visage
Arbres de chair vive
Et de paroles nomades
Qui volent la nuit sur les pierres
Blanches du sommeil
Et étirent leurs branches nues
Autour des lampes qui s'éteignent
Dès l'aube sur le seuil

François Teyssandier

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire